Sans frayeur dans ce bois !
dialogues entre une viole de gambe & une voix
C’est au tournant de la Renaissance et du Baroque que la chanson polyphonique qui sublima la poésie de Ronsard et Du Bellay sous le règne des derniers Valois, laisse place à l’Air de Cour au début du XVIIème siècle. L’entremêlement des voix se mue progressivement en monodie accompagnée d’une guitare, d’un luth ou d’une basse de viole et ainsi dans leur version la plus simple, divertissent l’aristocratie avec seulement deux artistes en tout temps, en tous lieux. Initié sous Henri IV, l’Air de Cour voit son apogée avec Louis XIII avant de disparaître sous le Roi Soleil ou plutôt de se transmuter en airs pour les cantates françaises ou la tragédie lyrique chère à Louis XIV.
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Alors les grands thèmes de ces nouveaux airs vont s’inspirer à la fois de la poésie galante et de l’actualité de ces temps anciens. Nous retrouverons logiquement un tableau des différents affects des passions amoureuses avec déjà, un goût prononcé pour les allusions naturalistes ; l’air Grave tesmoins de mes delices en 1647 plainte à la forêt de l’indélicatesse de la belle Amarante sous les notes mélancoliques de Constantijn Huygens - 1596-1687 - dont,
soit dit en passant, le fils Christian deviendra le célèbre astronome et physicien que l’on sait, où dans cette Plainte sur la mort de Monsieur Lambert, tombeau musical en hommage à « l’auteur des plus beaux airs » mis en musique en 1696 par un certain Dubuisson en sont les merveilleux témoins.
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Ainsi Kalligramm, formé de la soprano Jeanne Bernier et du violiste Lukas Schneider, issus du CNSMD de Lyon, met en dialogue l’histoire de l’école française de la viole de gambe et du chant baroque ; accompagner le chant à la viole seule qui réalise la basse - ou plutôt les basses harmoniques - témoigne ici d’une pratique oubliée redécouverte récemment. Du côté des pièces pour viole de gambe seule, la génération des grands maîtres ayant composé pour cet instrument, Mr. de Ste-Colombe, Nicolas Hotman ou des compositeurs mystérieux tels les Sieurs du Buisson et de Machy, pour le chant, des airs de la Renaissance finissantes ou des œuvres de beau chant à la cour de Louis XIV – de Charpentier ou Bousset – nous plongent dans un univers où les émotions humaines restent d’une poétique et sensible pertinence…
Avec
Kalligramm
Jeanne Bernier, soprano
Lukas Schneider, viole de gambe
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Où
Eglise St-Maurice d'Usson
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Quand
mardi 13 août - 21h
tout public - durée 1h sans entracte
Jean de Sainte Colombe > 1640 -1700
Prélude pour viole de gambe
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Constantijn Huygens > 1596 -1687
Graves tesmoins de mes délices
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Jean-Baptiste de Bousset > 1662 -1725
Pourquoy, doux rossignol
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Sieur de Machy > ? -1692
Chaconne en sol pour viole de gambe
Pierre Guédron > 1565 -1620
Cessez, mortels de soupirer
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Bertrand de Bacilly > 1621 -1690
Quand des soupçons jaloux
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Michel Du Buisson > ca. 1622 -1710
Plainte sur la mort de Monsieur Lambert
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Jean Lacquemant dit Dubuisson > 1622 -1680
Suite pour viole de gambe seule en la m.
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Marc-Antoine Charpentier > 1643 -1704
Sans frayeur dans ce bois
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Nicolas Hotman > 1610 -1663
Ballet pour viole de gambe
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François Richard > 1580 -1650
Amarante a des yeux
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Constantijn Huygens
Vous me l’aviez bien dit